RDC: Ramazani Shadary, le symbole de la répression sanglante du régime Kabila

RDC: Ramazani Shadary, le symbole de la répression sanglante du régime Kabila

Joseph Kabila a renoncé à se présenter à l’élection de la fin de l’année et a choisi son dauphin qui n’est personne d’autre qu’ Emmanuel Ramazani Shadary, ex-ministre et secrétaire permanent du PPRD, parti présidentiel. Emmanuel Ramazani Shadary est l’un des très proches de Joseph Kabila, une figure du régime et respectueux symbole de la répression meurtrière en République démocratique du Congo. C’est bien lui que Joseph Kabila a choisi pour porter les couleurs du Front Commun pour le Congo (FCC), à l’élection le 23 décembre. Emmanuel Ramazani Shadary est donc candidat de la majorité pour l’élection présidentielle de 2018.

Qui est Emmanuel Ramazani Shadary

« Emmanuel Ramazani Shadary sera inféodé à Joseph Kabila » (Bob Kabamba)
Emmanuel Ramazani Shadary est originaire de l’est de la RDC, précisément de la province du Maniema, comme la mère du président  Joseph Kabila. Autre atout du Secrétaire permanent du PPRD, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, il parle le swahili et le lingala, les deux langues parlées respectivement dans l’est et l’ouest de la RDC. C’est l’ex-ministre congolais de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary qui va porter les couleurs de la majorité présidentielle au scrutin de décembre. Il est l’un des hommes de confiance de Joseph Kabila.

Ancien militant de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, Emmanuel  Ramazani Shadary a été aussi un des membres fondateurs en 2002 du parti au pouvoir, le PPRD, avant d’en gravir tous les échelons.

« Kabila a été président, Kabila est président, Kabila restera président », a déclaré le 5 mai dernier le secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). C’était à Mbandaka, première étape d’une tournée dans les provinces de l’Équateur. Des propos qui soulignent bien la dévotion d’Emmanuel Ramazani Shadary à Joseph Kabila.

Le 20 décembre 2016, il est nommé ministre de l’Intérieur, période marquant la fin du mandat constitutionnel de Joseph Kabila. Emmanuel Ramazani Shadary occupait donc ce poste au moment de la sanglante répression de manifestants à Kinshasa contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila. Bilan : une vingtaine de mort. C’est la raison pour laquelle, il a été inscrit sur la liste des personnalités congolaises sanctionnées par l’Union européenne.

Emmanuel Ramazani Shadary, né le 29 novembre 1960, est un homme politique kino-congolais. Il est député national, ancien vice-gouverneur et gouverneur de la province de Maniema, président du groupe parlementaire PPRD et coordonnateur de la majorité présidentielle (MP) à l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo. Il est candidat de la majorité pour l’élection présidentielle de 2018.

Après une licence en sciences politiques et administrative à l’université de Lubumbashi, Emmanuel Ramazani Shadary a effectué un troisième cycle en sciences politiques et administratives à l’université de Kinshasa, où il obtient un diplôme d’études approfondies DES. Il est assistant à l’ISDR et à l’ISC Kindu de 1992 à 1994 et directeur général et cofondateur de l’ISTCA-Secteur privé à Kalemie dans la province du Katanga. En 1995, il a été élu secrétaire général de la Société civile du Maniema et en 1997, vice-gouverneur sous le régime de Laurent-Désiré Kabila. En 1998, il est nommé gouverneur de la dite province par le même Mzée Kabila. Il sera reconduit en 2001 par le président de la République, Joseph Kabila.

En 2002, il participe à la fondation du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), au sein duquel il exerce à partir de 2005 la fonction de secrétaire national chargé du processus électoral et de président de la commission de discipline. Durant la première législature, de 2006 à 2011, il est 1er vice-président de la commission politique administrative et juridique de l’Assemblée nationale. Réélu député national en 2011, il est, depuis 2012, président du groupe parlementaire PPRD. Il coordonne la majorité présidentielle à la même assemblée.

Symbole de la répression meurtrière du régime

Emmanuel Ramazani Shadary est perçu comme l’un des membres les plus durs du parti présidentiel dont il est devenu le secrétaire permanent au début de l’année 2018. Il était souvent décrit comme « bulldozer », avec ses diatribes enflammées contre l’opposition ou la société civile. Il manifestait tout autant de passion dans sa défense de Joseph Kabila. C’est un fidèle parmi les fidèles depuis Kabila père qui a sans doute eu l’intelligence de ne jamais manifester son ambition présidentielle, contrairement à ses concurrents. Il s’est toujours dit au service de Joseph Kabila. On se souvient de ses propos lors de sa tournée en Equateur en mai dernier, où il avait assuré devant ses militants que Joseph Kabila « est et restera président ».

Emmanuel Ramazani Shadary a aussi occupé des fonctions ministérielles. Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité entre 2016 et 2018. A ce titre, il est visé depuis 2017 par des sanctions de l’Union européenne pour violations des droits de l’homme.

En ses qualités de vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, il est responsable de la police et des services de sécurité et de la coordination du travail des gouverneurs de province depuis son entrée en fonction le 20 décembre 2016. À ce titre, l’Union européenne, qui l’a inscrit sur une liste de sanctions le 29 mai 2017, le considère comme responsable des récentes arrestations de militants et de membres de l’opposition et de l’usage disproportionné de la force depuis sa nomination, comme l’action violente contre les membres du Nouveau Mouvement religieux Bundu dia Kongo (BDK) fondé en 1969 dans le centre du Congo, la répression à Kinshasa en janvier et février 2017 et l’usage disproportionné de la force et la répression violente dans la province du Kasaï.

Sous sanction de l’Union européenne

Dans cette fonction, il est donc impliqué dans la planification, le contrôle ou la commission d’actions qui constituent des violations graves des droits de l’homme. Les sanctions incluent une interdiction de pénétrer sur le territoire de l’UE et un gel des avoirs ainsi que l’interdiction de mettre des fonds et ressources économiques à la disposition des personnes listées. Le 8 août 2018, Emmanuel Ramazani Shadary est choisi comme candidat de la majorité pour l’élection présidentielle prévue le 23 décembre et qui doit décider du successeur de Joseph Kabila.

Plusieurs questions sont dans les esprits : en raison de sa proximité avec le président Joseph Kabila peut-il avoir une existence politique indépendante ?

Selon plusieurs analystes, Ramazani Shadary ne bénéficie pas de soutiens solides au sein de la majorité présidentielle. En plus, sa base politique, le Maniema, représenterait moins de 5% de l’électorat congolais, selon la société d’études des risques pour investisseurs Verisk Maplecroft.

(Bakolokongo avec Agences)