Madagascar: après la candidature surprise d’Andry Rajoelina, la colère des adversaires
A Madagascar, c’est la stupéfaction depuis la parution de la liste des candidats à la présidentielle. Andry Rajoelina y figure en 41e et dernière position. La candidature du président de la Transition était mystérieusement restée secrète. L’ancien chef d’Etat Didier Ratsiraka et Lalao Ravalomanana, la femme de l’ancien président malgache du même nom, seront également bien présents. Des décisions justifiées de manière assez vague par la Cour électorale spéciale, avec des motifs autant politiques que juridiques.
Chez la majorité des adversaires du président de la Transition, la surprise a rapidement fait place à la colère. Un millier de partisans de Marc Ravalomanana se sont ainsi réunis.
Tous étaient calmes mais beaucoup se sont dits scandalisés, à l’image de Guy Rivo Randrianarisoa, le porte-parole de l’ancien chef d’Etat, grand rival d’Andry Rajoelina : « Ça montre encore que nous sommes dans un Etat de non droit, il bafoue le peuple malgache. Nous savons tous qu’il n’était pas dans cette liste. Si on continue à ce jeu-là, nous on pense qu’à ce moment-là on peut bien aussi poser la candidature de Marc Ravolamanana. »
Une indignation partagée par de nombreux candidats à la présidentielle. « C’est une flagrante violation du droit », lance ainsi Roland Ratsiraka. Un proche de Pierrot Rajaonarivelo renchérit : « Andry Rajoelina fustige ceux qui ne tiennent pas parole. C’est lui qui ne tient pas parole. Il est ridicule, malhonnête ». D’autres, comme Saraha Georget Rabeharisoa, se disent « scandalisés », dénonçant un déni de démocratie. « La communauté internationale doit nous soutenir et c’est maintenant le peuple qui doit faire entendre sa voix », conclut la candidate.
DES CANDIDATURES REMPLIES DE ZONES D’OMBRE
Andry Rajoelina inscrit en 41e et dernière position de la liste des candidats validés par la Cour électorale spéciale, personne ne l’avait vu venir. A l’instar de l’ancien président Marc Ravalomanana, l’homme fort de la Transition s’était engagé à ne pas se présenter.
Mais après avoir vu l’ex-chef d’Etat Didier Rastiraka et l’épouse de Marc Ravalomanana présenter leur candidature, Andry Rajoelina a décidé d’ajouter la sienne. Comment et quand ? Ces questions restent sans réponse. Le président de la Transition ne figurait pas sur la liste des prétendants ayant déposé un dossier de candidature auprès de la Cour.
Les huit magistrats qui la composent ont pris le soin d’éviter la presse. Et les quelques lignes de justification qui figurent dans leur décision sont assez vagues. Andry Rajoelina remplit toutes les conditions d’éligibilité, écrit la Cour.
L’institution se dit également soucieuse de respecter la liberté de tout citoyen à se porter candidat. Et ce afin que les Malgaches puissent choisir leur président librement dans un climat apaisé pour des élections justes et crédibles.
Les candidatures de l’ex-chef d’Etat Didier Ratsiraka et de Lalalo Ravalomanana, femme de l’ancien président du même nom, ont elles aussi été validées malgré le fait qu’aucun d’entre eux ne réside à Madagascar depuis six mois comme l’exige la loi.
la candidature surprise d’Andry Rajoelina perturbe la sortie de crise du pays
A Madagascar, la candidature surprise d’Andry Rajoelina à l’élection présidentielle bouleverse la donne politique à moins de trois mois du scrutin. Sous la pression de la communauté internationale, l’homme qui s’était installé au pouvoir à la faveur d’un putsch avait solennellement annoncé en janvier qu’il renonçait à se présenter. Il avait emboîté le pas à Marc Ravalomanana, qui avait promis lui aussi de s’abstenir. Mais l’épouse de ce dernier est candidate, Andry Rajoelina estime donc qu’il n’est plus lié par cet engagement. Des explications qui semblent ne convaincre ni la communauté internationale, ni Marc Ravalomanana.
La candidature d’Andry Rajoelina est une surprise à plus d’un titre. Tout d’abord, il a déposé son dossier au-delà de la date buttoir du 28 avril. Pour nombre d’observateurs, la crédibilité de la Cour électorale spéciale est donc mise en cause. Une observation problématique, car ce sont ces huit mêmes magistrats qui seront en charge du contentieux électoral.
Surtout, Andry Rajoelina s’était engagé en janvier à ne pas se présenter. Son revirement est donc perçu comme une trahison par la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui parraine la feuille de route.
Marc Ravalomanana peut lui aussi s’estimer floué suite à la volte-face d’Andry Rajoelina. L’ancien président avait en effet renoncé à se lancer dans la course, car son rival devait l’imiter, c’était le fameux « accord ni-ni ». Cet accord qui, depuis hier, vendredi 3 mai, a volé en éclats.
Ravalomanana exige son retour
Selon des proches du président en exil en Afrique du Sud, Marc Ravalomanana exige maintenant au minimum de pouvoir rentrer au pays pour appuyer la candidature de sonépouse Lalao. Pour la communauté internationale, tant qu’Andry Rajoelina ne se présentait pas, il pouvait imposer à son rival de rester en exil jusqu’à la fin des élections, mais depuis hier, on voit mal au nom de quoi il pourrait s’opposer au retour du président qu’il a évincé.
Par RFI