Etats-Unis: le secrétaire à la Défense Chuck Hagel démissionne

Etats-Unis: le secrétaire à la Défense Chuck Hagel démissionne

Etats-Unis-Chuck HagelLe secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a présenté sa démission ce lundi 24 novembre. Cette démission a été annoncée lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche par Chuck Hagel, en présence du président Barack Obama.
D’après Barack Obama, c’est Chuck Hagel qui a voulu mettre un terme à son mandat. Aucun des deux n’a donné d’explication. Mais c’est manifestement sur les dossiers Irak et Syrie que le départ de Chuck Hagel s’est décidé, nous indique notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio.

Les missions du ministre, lorsqu’il a succédé à Leon Panetta début 2013, étaient le retrait des troupes américaines d’Afghanistan et les réductions budgétaires. Deux ans après, Chuck Hagel doit gérer une crise en Ukraine, une intervention en Afrique de l’Ouest pour aider à maîtriser l’épidémie de fièvre Ebola, mais aussi une guerre contre l’avancée du groupe Etat islamique.

Et d’après tous les analystes, Chuck Hagel n’est pas l’homme de la situation sur ce dernier dossier ; Barack Obama aurait donc demandé à son ministre de se retirer. La Maison Blanche reprocherait au secrétaire à la Défense une stratégie peu claire, et un manque de charisme. « Les deux années à venir vont demander un autre type d’effort », dit-on en coulisse.

Les proches de Barack Obama réfutent l’hypothèse d’une démission sous la contrainte. Aucune divergence de vues n’est à l’origine de cette décision, fait-on savoir à la Maison Blanche. Il faut dire que les tractations en vue de la démission de Chuck Hagel ont commencé il y a deux semaines. Le secrétaire à la Défense restera à son poste jusqu’à ce qu’un successeur lui soit trouvé. Plusieurs noms circulent déjà, dont celui de Michèle Flournoy, une ancienne sous-secrétaire à la Défense.

Il faut se rappeler que la nomination de Chuck Hagel en 2013 n’avait pas fait l’unanimité.
Le président Barack Obama avait eu du mal à obtenir le feu vert du Sénat. Les relations entre Chuck Hagel et le Sénat ne se sont jamais améliorées. Lors des audiences devant les commissions, le secrétaire à la Défense s’est fait de plus voler la vedette par le chef d’état-major, Martin Dempsey. Chuck Hagel, ancien sénateur de l’Arkansas, était le seul républicain de l’équipe Obama.

Pourquoi le ministre de la Défense a-t-il été démissionné

Les raisons qui ont amené Chuck Hagel, l’ancien sénateur du Nebraska, seul républicain dans l’administration Obama, à démissionner de son poste de secrétaire à la Défense, moins de deux ans après avoir pris ses fonctions, sont multiples. Décryptage.

Il serait plus juste de dire que Chuck Hagel « a été » démissionné. En dépit de l’éloge que lui a décerné Barack Obama en annonçant son départ – il a parlé d’un « secrétaire à la Défense exemplaire » -, c’est tout de même lui qui l’a poussé vers la porte de sortie. Il lui était reproché de ne pas avoir soutenu avec suffisamment d’énergie la politique de l’administration. Il avait été choisi, après le départ de Bob Gates, puis de Leon Panetta, pour assurer la transition du Pentagone à un moment où les Etats-Unis mettaient fin à la guerre en Irak et s’apprêtaient à quitter l’Afghanistan. Le budget de la défense avait été réduit.

Et puis le Moyen-Orient s’est de nouveau embrasé. L’organisation Etat islamique a vu le jour, et les Américains sont de nouveau forcés de se mobiliser contre ce danger. Or Hagel reprochait au cercle resserré de la Maison Blanche, dont il se sentait exclu, de ne pas prendre suffisamment au sérieux la menace jihadiste. Hagel avait aussi adressé une lettre à Susan Rice, qui dirige le Conseil national de sécurité, dans laquelle il demandait à Obama de clarifier sa position concernant le sort de Bachar el-Assad. La lettre avait déplu. Quand il a discuté avec Obama de son intention de démissionner, celui-ci n’a fait aucun geste pour l’en dissuader.

L’armée le regrettera. Il était très populaire auprès des troupes, ayant lui-même combattu au Vietnam où il avait été blessé et où il avait reçu deux médailles. Quel que soit le candidat qui ve le remplacer, ce ne sera pas facile, car avec le Sénat qui sera sous le contrôle des républicains à partir de janvier, ceux-ci vont être retors à confirmer quelqu’un qui ne soit pas de leur goût. Mais quelques noms de successeurs courent déjà : parmi eux, celui de l’ancien secrétaire adjoint de la Défense, Ashton Carter, celui du sénateur démocrate Jack Reed qui siège à la Commission des forces armées. Et en tête de liste, celui de Michèl Fournoy, ancienne sous-secrétaire à la défense lors du premier mandat d’Obama. Si elle est choisie, elle sera la première femme à diriger le Pentagone.

Rfi